vendredi 18 mars 2016

Voyage au bout de la nuit - Céline

-----Résumé----


«– Bardamu, qu'il me fait alors gravement et un peu triste, nos pères nous valaient bien, n'en dis pas de mal!...
– T'as raison, Arthur, pour ça t'as raison! Haineux et dociles, violés, volés, étripés et couillons toujours, ils nous valaient bien! Tu peux le dire! Nous ne changeons pas! Ni de chaussettes, ni de maîtres, ni d'opinions, ou bien si tard, que ça n'en vaut plus la peine. On est nés fidèles, on en crève nous autres! Soldats gratuits, héros pour tout le monde et singes parlants, mots qui souffrent, on est nous les mignons du Roi Misère. C'est lui qui nous possède! Quand on est pas sage, il serre... On a ses doigts autour du cou, toujours, ça gêne pour parler, faut faire bien attention si on tient à pouvoir manger... Pour des riens, il vous étrangle... C'est pas une vie...
– Il y a l'amour, Bardamu!
– Arthur, l'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches et j'ai ma dignité moi! que je lui réponds.»



-----Mon avis----

A l'heure où je vous écris cette chronique - nous sommes le 30 janvier - je ne sais toujours pas comment je pourrais bien vous parler de ce chef d’œuvre - oui, pour moi c'est ce qu'il est - qu'est Voyage au bout de la nuit. Vous savez il y a des livres comme ça qui vous font peur et vous ne savez pas vraiment pourquoi. Ça vous impressionne, vous attire mais vous n'osez pas sauter le pas et vous repoussez sans arrêt la lecture de celui-ci. C'est véritablement cette sensation que j'ai eu avec ce roman.

La première fois que j'en ai entendu parlé, j'étais à la fac lors d'un cours de français où la prof nous avait demandé d'écrire un court texte dans le style de Céline. Le style m'avait tellement parlé - et déjà tant remuée - j'ai donc voulu l'acheter. Mais voilà, 6 ans après le livre est toujours dans ma bibliothèque, je tourne autour depuis quelques temps, je me tâte , est-ce que je me lance? J'ai peur de passer à côté, de ne pas aimer. Cette même peur qui m'anime à chaque fois que je commence un classique.
Et puis, un beau jour sans vraiment savoir pourquoi, je me suis sentie attirée - et surtout prête - vers le livre et je l'ai enfin libéré de sa cachette.

Et quelle claque... Je pense qu'il sera difficile pour moi de vous faire un résumé de ce livre tout simplement parce que j'ai la nette impression qu'il faut que vous fassiez ce voyage vous même . C'est comme cela que j'ai vécu ce livre. Comme un voyage . Un voyage au cœur de l'âme humaine qui nous amène à voir les hommes tels qu'ils sont avec leurs bons comme leurs mauvais côtés. On suit Bardamu en France, en Afrique, aux États-Unis et toujours ce même constat : la misère , l'horreur , une lueur d'espoir parfois mais toujours cette lâcheté qui reprends le dessus et vous pousse à la fuite. Ce n'est pas un livre où l'action prime, c'est long parfois, on erre parfois pendant la nuit en espérant pouvoir enfin trouver la lumière mais non... Un roman que l'on peut qualifier de pessimiste certes mais oh combien criant de vérité.
J'ai noirci mon carnet de citations, chose qui ne m'était plus arrivé depuis longtemps, tellement certaines m'ont parlé, interpellé, secoué...

Au final, je ne dirai pas que j'ai eu un coup de cœur pour l'histoire en elle même . Non pour moi le coup de coeur ira vraiment au style de Céline. Un style argotique, oral, un style qui accroche et qui vous donne l'impression d'être la personne à qui s'adresse l'auteur. Oui, j'ai vraiment eu cette impression là, d'être du voyage avec lui et dieu que ce fût bon.

Il y aura clairement pour moi un avant et un après Céline. Je sais que grâce à cette lecture , j'appréhenderai de manière différente mes prochaines lectures. J'ai mis 10 jours à lire le livre, habituellement j'ai horreur de traîner un livre mais là ce fût différent. Je prenais vraiment le temps de le savourer, de relire parfois jusqu'à trois fois un passage pour m'en imprégner.
C'est un livre que j'aimerai vraiment vous conseiller tout en vous disant de ne pas vous plongez dedans si vous ne le sentez pas. Il faut être posé et patient je pense pour pouvoir le savourer comme je l'ai fait. Et si Céline vous fait peur à cause de sa réputation, je vous dirai simplement de vous détacher de cette image qu'il a pu avoir et de vous concentrer sur l'écrivain.  

2 commentaires:

  1. J'ai également peur de le commencer. J'ai dû l'acheter il y a deux ans pour un cours à la fac, et depuis je ne l'ai toujours pas sorti de ma pal. Je sauterai sûrement le pas un jour, mais je ne me sens pas encore prête pour le moment, ayant déjà essayée de lire les premiers pages et n'ayant pas vraiment accrochée.

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  2. Il est dans ma WL mais comme c'est un classique, quand je le vois d'occas, j'ai tendance à le reposer... Car moi et les classiques, on a du mal !

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